La mobilité avec le Corps Européen de Solidarité, premier pas vers la vie active
Ce mois-ci nous rencontrons Marion, 25 ans. Partie en Irlande pour une mission de volontariat, sa structure hôte lui a offert de rester en contrat à l’issue de sa mission. Elle partage avec nous son expérience.
MDE : Comment as-tu eu l’envie de partir découvrir l’Europe ?
Marion : J’ai d’abord découvert le programme Erasmus + lors de ma 3ème année de licence, pendant laquelle j’ai eu la chance de partir en échange universitaire à Salamanca. Par la suite j’ai découvert d’autres dispositifs comme le Corps Européen de Solidarité (CES) en échangeant avec d’autres jeunes qui étaient eux aussi en mobilité en Espagne. Après quelques mois comme assistante de français à Madrid, j’avais envie de me remettre à l’anglais et de découvrir un autre pays. J’ai donc postulé dans ma structure en Irlande. Je n’avais pas un très bon niveau d’anglais avant de partir. J’étais capable d’exprimer mes besoins primaires mais sans plus. J’ai du passer un entretien en anglais dans ma structure et finalement ça s’est bien passé. Après plusieurs mois ici, j’ai maintenant un bon niveau mais l’important c’est de pouvoir se faire comprendre.
MDE : Comment as-tu découvert la Maison de l’Europe à Nantes ?
Marion : J’avais contacté Katrin, chargée de sensibilisation et à l’époque de la mobilité car il fallait que je trouve une structure d’accompagnement pour pouvoir valider ma candidature. J’avais entendu parler de la MDE lorsque j’étais en France car en tant qu’assistante de français je participais au programme des écoles ambassadrices du parlement. Je m’étais adressé à la MDE pour trouver des ressources et j’en ai profité pour prendre rendez-vous avec Katrin. J’avais déjà mon projet en tête et ma structure et ça s’est fait très rapidement. Je suis partie en septembre 2019 pendant 1 an. Je suis revenue en France en août 2020 à l’issue de mon volontariat pour finalement retourner en Irlande en contrat cette fois.
MDE : Présente-nous la structure qui t’accueille.
L’organisation dans laquelle j’ai effectué mon volontariat et où je suis embauchée actuellement s’appelle Depaul. C’est une organisation internationale caritative en Irlande dont le but est d’aider les personnes ayant vécu à la rue ou ayant un risque de vivre à la rue (par ex : personnes sorties de prison, ex-pensionnaires de l’équivalent de la DASS, personnes avec des addictions…). Elle gère plusieurs « hôtels sociaux » qui accueillent les personnes en difficultés. Il y a plusieurs services dédiés à chaque cas : services d’urgence, services de courte durée et projets de réinsertion de long terme.
En 2019, Depaul a permis d’aider plus de 4800 personnes (hommes, femmes et enfants confondus).
MDE : Quelles étaient tes missions pendant ton volontariat et quelles sont-elles maintenant ?
Pendant mon volontariat j’organisais des activités socio-culturelles pour les résidents des hôtels sociaux et particulièrement les jeunes : j’organisais des sorties au cinema, j’échangeais avec eux, je créais des interactions sociales… J’aidais aussi mes collègues sur la partie administrative, la comptabilité…
Maintenant que je suis en poste, je suis l’équivalent d’une éducatrice spécialisée. Mon objectif est de m’assurer que tous les résidents vont bien, les mettre en relation avec des psy, les aider à chercher un emploi, une maison, les aider dans leur vie quotidienne. Je travaille aussi pour un autre service qui gère les personnes qui ont le statut de réfugié et d’exilé et qui sont aussi dans des centres. Je les aide à trouver des logements et je fais un peu d’interprétariat.
MDE : Comment as-tu vécu la crise du COVID ?
En mars notre organisation nous a laissé le choix de rester ou de rentrer dans nos pays respectifs (nous étions plusieurs volontaires européens dans l’équipe). On ne pouvait plus aller sur site pendant le premier confinement donc on travaillait de chez nous. Comme nous étions quasiment tous dans la même colocation, tout s’est bien passé, nous étions confinés dans une maison dans de bonnes conditions et nous étions bien suivis.
J’ai dû adapter mes missions pendant cette période et je m’occupais de la newsletter hebdomadaire. Quand nous avons pu revenir travailler dans les locaux, j’ai pris conscience que j’avais envie de rester. J’ai donc proposé ma candidature pour un poste de salarié et j’ai été retenue. Je suis rentrée quelques semaines en France et j’ai démarré mon contrat en octobre 2020.
MDE : Qu’est ce qui t’as marqué le plus en Irlande ?
Je dirais que c’est la générosité des habitants. Les Irlandais sont très généreux. Il y a beaucoup de « charity shops » dans les rues (sorte de friperie qui reverse ses bénéfices à des associations caritatives). On est très souvent sollicités pour donner à des organisations caritatives et les irlandais donnent très régulièrement et très facilement c’est dans la culture.
Ils sont aussi très chaleureux. Ils mettent un peu plus de temps à créer une relation amicale avec quelqu’un mais une fois qu’ils t’acceptent dans leur cercle c’est pour de bon.
Et bien sûr il y a les traditionnels pubs. Les irlandais reçoivent très peu chez eux, les gens se retrouvent surtout au pub en afterwork ou pour passer la soirée.
MDE : Qu’est-ce que c’est l’Europe pour toi ?
J’ai commencé à prendre conscience de ma citoyenneté européenne pendant ma licence de droit, où j’ai notamment étudié le cadre européen. J’avais alors une conception de l’Europe assez pratico-pratique : pouvoir voyager librement, ne pas changer de monnaie entre les pays…
Au fur et à mesure de mes voyages à l’étranger je me suis rendue compte de la chance que j’ai d’être européenne. C’est un modèle perfectible mais qui offre de nombreux avantages et opportunités, (Eramsus + par exemple). Voyager apporte un autre regard sur son propre pays. On a conscience de notre culture européenne mais on prend aussi du recul sur les mauvais aspects de notre pays. Ça m’a ouvert un champ des possibles que je n’aurai pas imaginé si je n’avais pas eu ses expériences là.
MDE : Un dernier conseil à ceux qui voudraient comme toi tenter l’aventure du CES ?
C’est normal d’avoir peur de se lancer mais il faut bien penser son projet avant de partir et il faut se faire accompagner. Il faut identifier et définir ses objectifs en amont pour bien préparer son voyage (apprendre une nouvelle langue, avoir une nouvelle expérience…).
On peut aussi bien se renseigner sur la structure d’arrivée pour voir leur expérience d’accueil, et les conditions d’accueil, prendre contact avec d’anciens volontaires… Parfois on trouve une mission qui nous plait sur le papier et on se rend finalement compte qu’elle ne nous correspond pas forcément.
Ceux qui ont peur peuvent aussi s’orienter vers un CES de courte de durée (par exemple 2 mois) pour expérimenter sans s’engager. Et il y a bien-sûr de multiples autres formes de mobilité (stages, formation, woofing, interrail,…).
La Maison de l’Europe peut justement aiguiller les jeunes qui ne sauraient pas vers quel projet se tourner.
En temps de covid renseignez-vous bien sur où vous partez et inscrivez vous sur les listes Ariane de telle sorte d’être facilement identifié en tant que ressortissant français. C’est tout à fait faisable de partir en temps de COVID même si cela demande des précautions particulières.
Plus d’informations sur la mobilité Européenne auprès de Bastien Bruneau, chargé de mobilité : b.bruneau@maisoneurope-nantes.eu