Le mois d’octobre sera comme chaque année marqué par les Erasmus Days, événement qui met l’accent sur le dispositif bien connu de l’Union européenne, le programme Erasmus, mais aussi par le retour du Forum Europa, événement co-organisé par Alliance Europa et la Maison de l’Europe. Michel Catala, directeur de l’institut, enseignant chercheur à Nantes Université et ancien président de la Maison de l’Europe à Nantes nous explique en quoi consiste l’événement et en quoi il est utile pour imaginer l’Europe de demain.

Bonjour Michel Catala, pouvez-vous commencer par nous parler d’Alliance Europa ?

Alliance Europa que je dirige est un programme régional qui vise à développer les études européennes en Pays de la Loire et particulièrement à Nantes. Il constitue un pôle d’excellence interdisciplinaire sur l’étude des défis sociétaux, culturels et politiques que doit relever l’Europe face aux processus de mondialisation, composé d’universités, d’établissements d’enseignement supérieur, de partenaires associatifs…

Autrement dit, Alliance Europa a pour objectif d’expliquer l’Europe autrement aux citoyens.

L’institut est à l’initiative de la Fabrique des idées européennes, dispositif qui vise à associer le monde académique et les chercheurs à la société civile pour qu’ensemble ils puissent développer de nouveaux projets sur l’Europe sur le territoire.

Cette « fabrique des idées » s’incarne notamment par un événement : « Le Forum Europa » qui se déroulera du 17 au 20 octobre prochain et que nous co-portons avec la Maison de l’Europe à Nantes.  

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le Forum Europa ?

Pendant 3 jours, des acteurs du monde universitaire et de la société civile vont réfléchir à des idées de projets communs pour faire avancer l’Europe. L’année 2022, étant l’année européenne de la jeunesse c’est tout naturellement que nous avons choisi cette thématique de réflexion transversale au travers du prisme de l’engagement et de la participation des jeunes en Europe.

Autrement dit, nous allons inviter les acteurs à réfléchir à des projets pour que les jeunes s’engagent et s’intéressent davantage à l’Europe.

Concrètement le lundi 17 octobre la table ronde introductive laissera la parole à plusieurs experts et jeunes engagés sur les questions européennes autour de la thématique : « Innover et s’engager pour mieux vivre ensemble en Europe ».

Mardi 18 octobre, les participants seront invités à se diviser en groupes pour travailler en ateliers autour de 3 sous thématiques :

• Une Europe soucieuse de l’environnement
• La paix en Europe
• L’égalité entre les femmes et les hommes.

Le jeudi sera consacré à la restitution des travaux des différents groupes et à la présentation des projets qui auront émergé de ces ateliers.

Parmi tous les enjeux auxquels l’Europe est confrontée dans les prochaines années, comment avez-vous identifié les thématiques de travail du Forum ?

Pour sélectionner ces 3 sous-thématiques nous avons adressé un questionnaire aux publics membres de la Maison de l’Europe et d’Alliance Europa.

Sans trop de surprises ce sont les thématiques de l’environnement, de la paix et de l’égalité femmes/hommes qui sont ressorties parmi les principales préoccupations des citoyens.

Sur la question de la paix, dans un contexte de conflits en Europe, les gens se posent la question de comment la maintenir, la conserver et peut-être la retrouver un jour ? Aussi, l’Université de Nantes à travers Alliance Europa va porter le centre d’excellence Jean Monnet sur la paix.

Concernant l’égalité femmes/hommes, on constate un retour en arrière dans de nombreux pays et l’enjeu majeur de notre société est non seulement de freiner ce recul mais surtout de faire avancer dans le bon sens les évolutions sur cette thématique.

Pour ce qui est de la question environnementale, nul besoin de redire l’urgence dans laquelle nous nous trouvons. C’est d’ailleurs l’une des priorités de la Commission européenne, notamment avec son Green Deal (Pacte vert).  

Quel est le type de projets qui peut émerger du Forum ?

Il n’y a pas vraiment de typoligie de projets attendus, tous les projets sont les bienvenus ! Sans trop orienter les réflexions, on peut par exemple imaginer un projet de formation sur la thématiques de l’égalité femmes/hommes, ou encore de nouveaux outils de sensibilisation à la question environnementale, des actions qui visent à trouver collectivement des outils (ex : numérique) pour maintenir la paix en Europe, des outils de participation… , tout est à construire.

Ces projets peuvent aussi être sur différentes échelles : micro sur le territoire ou macro entre plusieurs pays européens…

À titre d’exemple, sur la précédente édition du Forum, 2 projets ont émergé :

• Un événement : l’« Eurobazar des savoirs », véritable speed meeting entre chercheurs universitaires et citoyens sur des thématiques comme le Brexit, l’environnement ou encore le numérique.
• Un Focus group qui rassemble une trentaine de jeunes issus de différents milieux missionnés d’échanger sur l’Europe et la vision qu’ils en ont.

Mais la fabrique a aussi accompagné d’autres projets comme le Lipe, ou encore le site internet « Migration en question »…

L’idée c’est qu’après ces journées on puisse identifier quelques projets intéressants qui seront encadrés par des étudiants de l’Université. Ils en feront une étude de faisabilité et accompagneront les porteurs pendant quelques mois.

Le Forum est un incubateur de projets, à la charge des porteurs d’aller ensuite chercher les financements et de réaliser le projet.

En quoi est-ce important pour vous que les jeunes réfléchissent aux enjeux de l’Europe de demain ?

En tant qu’enseignant chercheur il me semble important voire fondamental d’accompagner la jeunesse pour qu’elle puisse se saisir de ces grands enjeux. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui habiteront l’Europe de demain et il est nécessaire qu’ils participent d’ores et déjà activement à résoudre les problématiques auxquelles l’Europe est confrontée. C’est important pour eux d’avoir cette vision macro qu’est la dimension européenne car c’est là que se situent les grands enjeux d’aujourd’hui.

Pourtant, l’Europe qui intéresse peu les jeunes et qui est loin de leurs préoccupations car peu lisible.  C’est aussi pour cela que la « Fabrique des idées européennes » a été imaginée, pour créer des projets qui remettent du concret dans la vie des citoyens européens.