Zoom sur : Philippe Malinge, secrétaire de l’association EuropAgora et membre de la Maison de l’Europe – Europa Nantes

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À l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, EuropAgora, association membre de la Maison de l’Europe à Nantes proposera une visioconférence réunissant des intervenants et témoignages de différents pays européens sur cette thématique. Ce mois-ci, nous laissons la parole à Philippe Malinge, secrétaire de l’association et membre de la Maison de l’Europe.  

 

Philippe, peux-tu en quelques mots te présenter et présenter EuropAgora ?

 

Je travaille sur la thématique de l’Europe depuis de nombreuses années. Dans ma carrière, j’ai notamment été élu au niveau de l’exécutif des syndicats européens. L’un de mes rôles était de mettre 297 organisations d’accord sur les différentes prises de positions lors des Congrès. L’une des difficultés était que beaucoup de débats étaient impossibles à aborder directement en plénière d’exécutif, car il faut prendre en compte les différences culturelles, le choix des mots qui n’ont pas le même impact d’un pays à l’autre, les sensibilités de certains pays à certains sujets (comme la fiscalité), leurs différentes histoires C’était donc difficile d’avoir des débats tous ensemble sur certains thèmes et beaucoup de négociations se faisaient en direct avec les interlocuteurs pour trouver des solutions, des positions communes.

 

De plus, j’avais une double casquette, à la fois celle d’élu de la Fédération syndicale française à laquelle j’appartenais et à la fois celle d’élu de la Fédération syndicale européenne dont je faisais partie.  L’exercice étant de trouver à chaque fois, le juste équilibre.


C’est ainsi qu’EuropAgora a vu le jour en 2005, suite à une réflexion commune avec plusieurs interlocuteurs européens, partant du constat de la nécessité de créer une structure où chacun est libre de sa parole et ne parle au nom d’aucune organisation, mais en son seul nom propre. J’en suis un des membres fondateurs. Cela a permis de créer des débats sur le plan de financement, sur le budget de l’Union, les services publics, le logement social… et ainsi proposer des recommandations.

L’idée était aussi de pouvoir créer une structure commune à plusieurs pays, afin de pouvoir monter des projets communs, des événements communs, des échanges et ce, dans les différents pays. Mais, pour l’instant, il n’est pas possible de créer une association européenne, faute de statut au niveau de l’Union. En effet, les associations ont des statuts différents suivant les pays. Nous avons donc mis plusieurs avocats de différents pays sur la rédaction de nos statuts, ce qui en fait une association particulière, originale.  Et pour renforcer cet ancrage dans les différents pays européens, nous avons un bureau composé de plusieurs interlocuteurs européens. Notre présidente est espagnole, nous avons un vice-président en Belgique, un en Autriche et un en Italie. L’association est totalement composée de bénévoles.


Lors des prochaines élections européennes, nous interpellerons encore les candidats sur cette question. La Commission européenne ne peut se contenter de parler de citoyenneté européenne… et bloquer la création de statut d’association européenne…


En bref, la finalité d’EuropAgora c’est de proposer un lieu de réflexion et d’avancer vers une Europe plus sociale. Aujourd’hui, on travaille notamment sur le logement abordable et durable. Pour nous il est impératif d’arriver à une Europe plus sociale, garante d’une cohésion sociale entre les pays (Inégalité des richesses, salaire minimum, dumping social etc..). EuropAgora cherche à décloisonner autant que faire se peut les réflexions, recherches entre les chercheurs, les syndicats, la société civile et les acteurs politiques.


Ces derniers temps l’association était un peu en sommeil car nous avions chacun d’autres engagements mais depuis 2019, notre souhait est de reprendre l’organisation de colloques sur des sujets d’actualité réunissant syndicalistes, humanistes, académiques, politiques…

C’est pourquoi nous organisons le 8 mars à 12h une visioconférence sur la thématique : « L’apéro féministe d’EuropAgora ! – La crise et les droits des Femmes en Europe ».


Quelle est ton lien à la Maison de l’Europe ?

 

J’étais membre du bureau dans le précédent mandat. Je suis maintenant adhérent direct et adhérent au titre d’EuropAgora. J’ai rejoint la Maison de l’Europe (MDE) il y a quelques années car à la fin de ma carrière je faisais partie du service Europe à Nantes Métropole. J’ai donc contribué à porter le projet du « pôle Europe », Europa Nantes, côté institutionnel.


Lorsque j’ai pris ma retraite, Martine Buron, alors présidente de la MDE m’a proposé de rejoindre l’équipe. C’est donc tout naturellement que je suis entré au bureau pour continuer d’accompagner Europa Nantes, côté association, car j’ai toujours cru à ce projet. C’était assez drôle de passer de l’autre côté de la « table » et d’être en position d’acteur associatif et non plus du côté institutionnel.

Pour moi le rapprochement d’EuropAgora et de la MDE était aussi naturel car nous avions les mêmes objectifs : participer à développer une citoyenneté européenne et une compréhension de l’Europe, lutter contre le repli identitaire, la montée du nationalisme, du racisme…


Ces constats montants ont permis de relancer l’activité d’EuropAgora après plusieurs années de sommeil.  Ce dont nous avons besoin maintenant c’est de recréer des contacts avec les nouveaux interlocuteurs européens, de les rencontrer de visu, de savoir sur quoi ils travaillent particulièrement afin pouvoir créer de nouvelles coopérations à l’avenir. Pour l’instant, malheureusement, nous sommes un peu bloqués par cette pandémie…


Du point de vue Europa Nantes, nous nous sommes attachés jusqu’à présent à fédérer les associations autour du projet. A l’avenir lorsque les conditions le permettront plus facilement, il s’agira de développer des coopérations et des projets communs entre les associations membres de la MdE.


Pourquoi crois-tu que la thématique de l’égalité hommes/femmes intéresse encore autant ?

 

Le chemin est encore très long. Même s’il y a eu quelques avancées ces dernières années, les inégalités sont encore trop nombreuses. Plusieurs pays freinent encore pour une égalité des salaires par exemple et pour plus de transparence dans les données à ce sujet. On peut aussi parler de ce qui se passe en Pologne par exemple sur le droit à l’avortement qui est un vrai recul dans l’évolution des droits des femmes.

 

La crise du COVID a en plus aggravé les choses. On constate par exemple en Espagne que le taux de chômage des femmes est en explosion. Il y a assez peu de contrats permanents pour les femmes et elles sont donc plus précaires et fragiles. Elles sont globalement beaucoup moins protégées juridiquement. On doit cela à une société encore machiste, même au 21è siècle.

La plupart de nos adhérents ont été ou sont militants syndicaux donc la question de l’égalité hommes/femmes les intéresse particulièrement. Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs milité activement pour diminuer les inégalités entre les hommes et les femmes.


Ce que nous voulons faire avec notre événement du 8 mars c’est de réfléchir à comment on peut avancer sur cette thématique. Comment on peut créer des passerelles entre la société civile, le politique et la recherche pour faire avancer les choses.


On aura pour cela autour de la table : un intervenant espagnol qui abordera la question du chômage des femmes en Espagne, une militante polonaise sur qui interviendra sur le droit à l’avortement, une autrichienne et une nantaise qui aborderont les avancées en matière d’égalité hommes/femmes et nous présenteront quelques exemples inspirants. Une députée européenne, ainsi qu’une syndicaliste européenne, genres interviendront également sur ce que fait l’Europe sur cette thématique en cette période.


Cette conférence pourra je l’espère à terme, lancer une collaboration fructueuse entre les différents acteurs à ce sujet.

 

« L’apéro féministe d’EuropAgora ! – La crise et les droits des Femmes en Europe » : 

Lundi 8 mars à 12h sur Zoom et Facebook

Infos : secretariat@europagora.eu