Zoom sur Marianne Buron, chargée de communication du club de handball féminin Neptunes Nantes
En mai dernier, l’équipe de handball féminin de Nantes, a remporté son premier titre européen. L’occasion pour nous de donner la parole à Marianne Buron, chargée de communication des Neptunes (anciennement Nantes Atlantique Handball), qui nous détaille les coulisses de la compétition et nous fait part des derniers changements au sein du club.
Marianne, quelle est votre fonction au sein du club et comment avez-vous vécu cette saison particulière ?
Au sein du club, je suis responsable communication et attachée de presse depuis maintenant 2 ans. Je suis indépendante mais travaille principalement avec les Neptunes (anciennement Nantes Atlantique Handball). Je gère notamment les comptes réseaux sociaux de l’équipe mais aussi les relations avec les médias et les sollicitations des joueuses pour les interviews. Je suis également en charge de toutes les demandes d’actions dans les établissements scolaires, en lien avec le conseil technique.
Pendant cette année si particulière, j’ai eu la chance de pouvoir suivre les joueuses dans les derniers matchs de la compétition européenne. Il y avait une très bonne ambiance malgré les conditions et les nombreux matchs reportés. Nous avons vécu 2 saisons très spéciales et bien que nous ayons pu terminer le championnat, l’équipe a dû jouer une bonne partie de la saison sans public. Par chance, pendant toute cette période, tout le staff a pu continuer à travailler ce qui nous a permis de maintenir le lien et la cohésion d’équipe.
Pour la première fois de son histoire, et de l’histoire du sport nantais toutes disciplines confondues, l’équipe a remporté le titre de championne d’Europe. Pouvez-vous nous raconter les coulisses de la compétition ?
Cette victoire a bien entendu été le moment fort de la saison. C’est la 5ème fois que les joueuses participent à la compétition européenne mais cette année a été incroyable. Chaque année l’objectif principal est de se requalifier pour la coupe de l’année d’après mais les Neptunes ont dépassé toutes les espérances.
Nous avons parcouru beaucoup de kilomètres pendant les qualifications c’était une période assez éprouvante physiquement mais l’équipe est restée focus sur l’objectif. Elles sont allées en Russie, en Pologne, et jusqu’en Roumanie avec les difficultés de transport que cela implique parfois. Certains vols ont dû être annulés à cause du COVID ce qui a rallongé certains trajets avec plusieurs escales.
Nous étions également tributaires de l’évolution des conditions sanitaires des pays où nous allions mais également celles de la France. Par exemple pour un match de qualification, l’équipe Russe devait venir jouer à Nantes. Mais à cause de la septaine imposée dans le pays, qui n’était pas possible à tenir pour les joueuses, la fédération a fait le choix de nous faire perdre le match, pour ne pas leur imposer ces conditions.
Nous avons aussi joué les quarts de finale en Turquie, alors que le pays était en confinement. C’était un peu spécial car tout était fermé.
Pour la phase finale nous étions à Bayamare en Roumanie. Le calendrier était très serré car nous avions un match, reporté de la saison, le mercredi juste avant (nous jouions le samedi). Nous avons perdu ce match contre Metz mais les Neptunes sont restées focus, à partir du jeudi elles se sont mise en mode compétition européenne.
Nous étions les outsiders de la compétition. L’ambiance était particulière car les joueuses étaient concentrées, sûres de leurs capacités et en confiance. Le staff avait fait un super travail pour les mettre dans les meilleures conditions. Pour la petite histoire, le président Yoann CHOIN-JOUBERT, avait même fait un pari avec les joueuses. Si elles gagnaient la demi-finale (contre la Roumanie) il leur mettait le jet privé de Réalités (actionnaire majoritaire du club) à disposition. Comme elles ont gagné, nous avons pu voyager en jet privé ! Ça a joué dans la bonne préparation de l’équipe car ça a permis de limiter les temps de trajets pour la finale.
En tant que chargé de communication, vivre une aventure comme celle-ci de l’intérieur, c’était magnifique et intense. Cela m’a permis d’être pleinement intégrée à l’équipe et de créer une belle relation avec les joueuses.
J’espère avoir pu retranscrire au mieux les coulisses de cette incroyable expérience sur nos réseaux via les posts quotidiens que je faisais. C’était important de pouvoir faire vivre cette aventure au plus près à nos supporters qui n’ont pas pu faire le déplacement. Sur place j’étais aussi chargée de programmer les interviews avec les médias et, pour la petite anecdote j’ai pu faire les interviews pour Eurosport car personne ne parlait Français sur place !
C’est génial d’avoir remporté ce titre dans une année où il y a autant de nouveautés pour le club.
Depuis le 8 juin, le Nantes Atlantique HandBall (NAHB) est devenu « les Neptunes de Nantes ». Expliquez-nous ce changement d’identité.
Le club a été fondé en 1998. L’objectif était de développer le handball féminin sur le territoire et de former des joueuses. Il s’est toujours attaché à avoir des joueuses du centre de formation et a fait son bout de chemin en gravissant les échelons petit à petit.
L’objectif était maintenant pour l’ancien président, Arnaud Ponroy, de franchir une nouvelle étape, pour que le club puisse se développer davantage et ainsi se donner les moyens de concurrencer les meilleures équipes du pays. En janvier dernier, le club professionnel s’est séparé du club amateur, pour créer une SAS et laisser entrer le groupe Réalités comme actionnaire majoritaire.
Réalités nous donne ainsi plus de moyens financiers et humains pour être à la hauteur de cette ambition. Nous avons notamment recruté un responsable du développement (communication, marketing, commercial), une commerciale et une chargée de billetterie.
Il était donc important que l’identité visuelle du club puisse incarner cette nouvelle ambition et le changement d’identité marque très clairement une nouvelle étape pour le club.
Nous sommes donc officiellement devenues les « Neptunes de Nantes ».
Nous avons été loin dans la recherche car nous voulions une vraie forte identité. Le panel que nous avons interrogé souhaitait que Nantes soit mise en avant dans ce nom. Nous nous sommes ainsi inspirés de la devise de la ville : Favet Neptunus Eunti (Que Neptune favorise le voyageur).
Ce choix s’est aussi basé sur 3 constats forts, 3 fiertés que nous souhaitions mettre en avant :
- Nous sommes fières d’être des sportives de haut niveau
- Nous sommes fières d’être des femmes
- Nous sommes fières d’être nantaises.
Et comme « Neptune favorise ceux et celles qui osent cela nous a semblé naturel de choisir Neptune comme symbole de l’équipe et de choisir ce nom plein de force et de détermination, ce que l’équipe avait déjà.
Vous qui avez vécu l’aventure de la compétition au plus près pendant ces quelques semaines, que pourriez-vous dire de la place des femmes sur la scène sportive en Europe ?
Ce qui est difficile pour moi c’est que je n’ai pas vécu une saison normale puisque nous étions dans des protocoles très particuliers avec la pandémie. Mais, ce que j’ai pu observer c’est que la couverture médiatique du handball féminin, et plus largement du sport féminin, est beaucoup moins importante que celle du sport masculin.
La finale de la coupe d’Europe, n’a par exemple pas été rediffusée sur les chaînes de sport classique. Les matchs étaient disponibles sur une chaîne payante et seulement en option (Eurosport player). Cela serait impensable pour une finale de coupe masculine.
La différence est également notoire sur les commentaires des matchs. Dans la diffusion, nous n’en avons eu qu’à partir des quarts de finale. Pour les hommes ils interviennent beaucoup plus tôt dans la compétition. D’ailleurs, la plupart des commentateurs sont plutôt des hommes (à part les consultantes qui peuvent être d’anciennes joueuses). Les journalistes sportifs sont aussi principalement des hommes.
Il est clair que ce titre européen nous permet une meilleure médiatisation. Nous avons eu un article en couverture du journal l’Equipe ! Mais pour la petite anecdote, notre article était un tout petit encart face à une photo en pleine page de Neymar.
Cela fait partie de mon travail d’essayer de gagner de la visibilité mais c’est un vrai combat de prouver que le sport féminin a autant d’intérêt que le sport masculin. Par exemple un soir ou il y a un match du HBC (équipe masculine de handball à Nantes) nous avons clairement moins de monde dans nos tribunes. Les journalistes iront plus facilement couvrir le HBC. Heureusement, nous avons un partenariat fort avec Ouest France et Presse Océan qui couvrent tous nos matchs.
Au final, on devrait se dire que ce qui importe ce n’est pas le sport féminin ou le sport masculin mais simplement le sport. Il y a encore du chemin à faire !