ZOOM SUR : Joëlle Herry, chargée de mission éducation chez FACE
En décembre 2021 et janvier 2022, la Maison de l’Europe accueillera dans ses locaux, plusieurs élèves de 3ème pour un stage d’observation d’une semaine. Cette opération, menée en partenariat avec la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE Loire Atlantique), nouveau membre de la Maison de l’Europe (MDE), donne la chance à plusieurs dizaines de jeunes de quartiers prioritaires de faire un premier pas vers le monde professionnel. L’occasion pour la MDE d’aller davantage vers les publics des quartiers prioritaires pour les sensibiliser aux questions européennes. D’autres actions en direction des jeunes et notamment sur la mobilité en Europe seront d’ailleurs prochainement développées. Ce mois-ci nous laissons donc la parole à Joëlle Herry, chargée de mission éducation chez FACE, en charge de la coordination de l’opération « bourse au stage ».
Joëlle Herry, quelle est votre mission au sein de FACE ?
Je travaille chez FACE Loire Atlantique depuis 2017. C’est une association loi 1901 qui lutte contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté.
J’y ai pour mission de développer et de mettre en œuvre des actions sur l’école et l’emploi sur le territoire. Cette année 2021, nous avons principalement centré nos actions sur les publics scolaires.
Mon travail c’est de piloter les différents projets en lien avec les collèges notamment et les établissements scolaires de Nantes Métropole et de Loire Atlantique. Nous intervenons par exemple sur les communes de Nantes et Saint-Herblain, mais aussi Chateaubriant, Guéméné Penfao, Saint Mars la Jaille….
Nous avons mené nos actions auprès de 8 établissements scolaires en 2021.
Comment fonctionne l’association ?
En Loire Atlantique, nous sommes 15 salariés. L’association a beaucoup grossi depuis 15 ans. Nous sommes structurés en 2 antennes : l’une à Nantes et l’autre à Saint-Nazaire. À Nantes nous sommes 10 salariés et à Saint-Nazaire ils sont 4.
Chaque salarié est pilote d’un projet et anime un réseau de bénévoles. L’objectif est de faire un maximum de chose avec les entreprises du territoire.
Certains bénévoles sont spécialisés dans l’accompagnement pour la réinsertion à l’emploi. D’autres interviennent davantage sur les parrainages, sur l’accompagnement dans la recherche de missions de stage et sur les visites d’entreprises…
Le réseau FACE est présent sur tout le territoire avec une antenne dans chaque département. Chaque « Club » FACE sur les territoires est indépendant de la Fondation à Paris. Celle-ci est chargée de faire du développement et de l’ingénierie de projets. Elle est également en charge de la recherche de financements. Le rôle de la fondation auprès des clubs FACE est de proposer des actions et des expérimentations à développer sur les territoires, mais chacun est libre de s’emparer ou non de ces propositions.
Chaque club a son propre bureau et son indépendance et répond aux opportunités et aux besoins de son territoire.
Quels sont les projets menés sur le terrain par FACE Loire Atlantique ?
Nous menons plusieurs projets de front pour l’inclusion, et notamment l’inclusion des jeunes.
L’un d’entre eux est celui auquel la Maison de l’Europe à Nantes contribue. L’idée est de pouvoir apporter un accompagnement au stage d’observation aux élèves de 3ème. Nous sommes mandatés par le département et Nantes Métropole pour accompagner les établissements scolaires pour aider ces élèves des établissements de Zone d’éducation prioritaire à trouver un stage. Nous leur donnons un petit coup de pouce supplémentaire en mobilisant notre réseau de professionnels.
D’abord, nous travaillons en amont avec les équipes pédagogiques pour identifier le besoin en termes d’accompagnement. Sur la première partie de l’année nous animons des ateliers pour expliquer ce qu’est le stage de 3ème et découvrir ce que les élèves ont envie de faire. On leur explique comment on démarche une entreprise, comment on conçoit un cv et une lettre de motivation, comment on prend contact par téléphone, ou encore comment on passe un entretien… Nous proposons des simulations d’entretiens pour qu’ils se sentent en conditions réelles et nous essayons de faire en sorte que ça soit le plus interactif possible. Nous proposons des ateliers sur la confiance en soi et comment on la construit. Ces ateliers s’adressent en général à l’ensemble des élèves de 3ème d’un établissement scolaire.
La seconde étape, c’est de proposer une bourse au stage aux élèves les plus en difficulté, en mobilisant notre réseau d’entreprise qui est souvent différent de celui auquel ils ont accès.
Pour eux, la bourse au stage c’est l’occasion de faire un premier pas vers l’entreprise, et de rencontrer des professionnels qu’ils ne pourraient pas rencontrer d’ordinaire. Pour les entreprises c’est l’occasion de faire la promo de leurs activités et faire la promotion de métiers qui manquent parfois de main d’œuvre. C’est du gagnant-gagnant pour les deux.
Quelles autres actions concrètes sont menées pour lutter contre l’exclusion ?
Nous avons des projets très ciblés notamment sur l’inclusion des filles dans le milieu professionnel. Le programme « Wi-filles » par exemple, d’une quarantaine d’heures, a pour but d’apporter plus de mixité dans certains métiers. Nous proposons à une dizaine de jeunes filles de découvrir des secteurs comme l’informatique ou le numérique.
Mon rôle dans ce projet est d’aller à la recherche de partenaires qui sont intéressés pour faire des visites d’entreprises, proposer des témoignages, des stages ou proposer des projets.
Chaque année, nous essayons de travailler avec un établissement scolaire différent. L’établissement propose le programme à toutes les filles scolarisées, tous niveaux confondus et les volontaires constituent une promo.
Nous avons également une version plus light de « Wi-filles » qui se tient sur plusieurs villes et s’adresse à tous les élèves. Nous travaillons sur la mixité des métiers avec un ou une professionnel.le de l’informatique qui vient parler de son parcours, et des étudiants qui viennent faire une initiation à la programmation par exemple.
Les années précédentes nous avions aussi le pôle emploi qui était très actif notamment sur le projet de la « job academy ». L’objectif est d’accompagner les demandeurs d’emplois de longue durée vers la réinsertion, notamment en mixant de l’accompagnement collectif avec de l’accompagnement individuel. La 1ère phase consiste à développer la confiance en soi, au travers d’ateliers. Ensuite, nous leur proposons des techniques pour les aider dans leur recherche d’emploi.
Enfin, nous avons le programme « Baraka » qui s’adresse aux personnes migrantes en voie de réinsertion. L’objectif est de les accompagner dans l’acquisition de la langue française et de faire le lien entre le projet de chacun et le réseau d’entreprises de FACE. Nous mettons en place des parrainages conversationnels pour les faire progresser dans la langue et des parrainages professionnels pour les accompagner dans leur projet, avec pour objectif final : le retour à l’emploi.
Un petit mot de conclusion ?
Dans toutes les actions que nous menons, je suis convaincue que le monde professionnel a besoin d’aller à la rencontre des jeunes et inversement. Au final, si nous avons autant d’entreprises partenaires et partantes pour participer à ces actions c’est qu’il y a énormément de valeur ajoutée pour les deux parties. En participant à ces actions, les professionnels se rendent finalement compte que s’ils apportent beaucoup de choses, les participants aux actions leur en apportent aussi beaucoup.
Tout le monde ressort enrichi de ces échanges et c’est pourquoi chez FACE, nous avons à cœur de continuer à faire cette passerelle entre les personnes entre l’école qui représente le monde de demain, et le monde professionnel.