Regards croisés : Quels enjeux pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne ?

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Tout au long de ces 6 mois, experts, élus, responsables associatifs, représentants de la société civile, seront invités à partager leur vision sur la présidence du Conseil de l’Union européenne.
 
Quels enjeux pour cette Présidence ? Quels impacts sur les politiques de l’Union ? Quels regards à hauteur de citoyens ? 

André Sobczak, Vice-Président de Nantes Métropole en charge de l’emploi, L’Europe et la responsabilité sociale et environnementale des entreprises

« La présidence française du Conseil de l’Union européenne est l’occasion pour Nantes Métropole de mettre en évidence notre engagement pour l’Europe et notre ambition d’en infléchir la gouvernance et le contenu des politiques. Nantes accueillera deux événements importants dans le cadre de cette présidence : le sommet Climat Chance Europe qui réunira les 7 et 8 mars les acteurs non étatiques engagés pour la transition écologique et énergétique, et une édition spéciale de Nantes Creative Generations qui réunira des jeunes de toute l’Europe engagés dans des projets écologiques, sociaux ou culturels pour travailler en commun et faire grandir leurs projets. En parallèle, un appel à projets a été lancé avec la Maison de l’Europe pour inviter tous les acteurs du territoire à partager leurs actions en lien avec l’Europe. »

Philippe Malinge, secrétaire général de l’association EuropAgora

« EuropAgora a pour objectif de contribuer à l’édification d’une Europe plus sociale.

 

La PFUE doit permettre d’avancer sur les sujets sociaux, avec notamment la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, de concrétiser l’instauration d’un salaire minimum et décent et ainsi lutter contre le dumping social. De même, le plan de relance annoncé par la Commission européenne ne doit rien délaisser des ambitions affichées avec le Green deal pour une transition écologique socialement juste, y compris avec la nécessité de logements décents pour tous et un modèle économique, plus durable et qui remette l’humain au centre. »

Manon Damestoy, Doctorante à l’Université de Nantes – Chargée de mission « Démocratie universitaire » – Assistante de la Chaire Jean Monnet « Télos, Ethos, Nomos de l’Europe »

« La PFUE est structurée implicitement autour de 3 enjeux différents.

 

Un enjeu institutionnel est de fournir un débouché aux initiatives de E. Macron comme la Conférence sur l’avenir de l’Europe ou la réforme de la gouvernance de l’espace Schengen.

 

Un second enjeu est de permettre à de nombreuses réformes engagées ces derniers mois par nos partenaires européens d’aboutir (marché unique du numérique, « boussole stratégique », salaire minimum européen, taxe carbone aux frontières…).

 

Un dernier enjeu est de faire de l’Europe un thème de différenciation pour le futur candidat à l’élection présidentielle, E. Macron, ce qui nécessite l’obtention difficile de quelques résultats tangibles dans un délai de 3 mois alors même que le mécanisme décisionnel européen s’inscrit plutôt dans le temps long, non propice aux « grandes réalisations ». »

Michel Catala, Professeur d’histoire contemporaine Directeur de l’Institut d’études européennes et globales Alliance Europa Université de Nantes

La PFUE : un double défi

 

« La présidence du Conseil de l’Union européenne dure un semestre, et  s’exerce une fois tous les 13 ans dans une Europe à 27 Etats membres. C’est un moment rare dont l’importance institutionnelle et politique  s’est réduite depuis l’application des réformes du Traité de Lisbonne de 2007.

 

Elle permet tout de même à l’Etat qui l’exerce d’afficher ses priorités pour l’Union et de positionner l’Europe au cœur du débat national. Emmanuel Macron, en plaçant la souveraineté européenne comme premier objectif de cette Présidence, notamment par la réforme des accords de Schengen ou la stabilisation des périphéries de l’Union, n’a pas hésité à s’attaquer à des enjeux qui ne font pas l’unanimité parmi les Etats membres.

 

Trouver des voies de consensus sur ces politiques est un premier défi particulièrement difficile à relever, dans un contexte géopolitique tendu, en Ukraine comme en Afrique. Le président Macron, en faisant de la PFUE une priorité nationale, a le mérite de placer l’Europe au cœur du débat politique, mais dans un contexte d’élection présidentielle où sa candidature ne fait aucun doute et où ses adversaires risquent d’accentuer leurs différences en usant d’une posture résolument anti-européenne. L’exercice s’était révélé payant en 2017. Mais une défaite du président sortant serait aussi une défaite de son volontarisme européen. C’est certainement le second défi de cette PFUE, un pari risqué pour l’avenir de l’idée européenne dans notre pays. »

Et vous qu’attendez-vous de cette présidence française ? N’hésitez pas à nous partager votre avis en nous écrivant à communication@maisoneurope-nantes.eu